On les connaît mieux sous leur petit nom de « trackers » mais les ETF ou « Exchange Traded Funds » sont encore relativement peu souscrits par les épargnants alors qu’ils sont disponibles en France depuis plus de quinze ans. Actuellement en Europe les plus grands utilisateurs d’ETF sont les gérants diversifiés et les gérants de fonds de fonds. Ce mouvement ne cesse de s’amplifier.
Mais de quoi parlons-nous ?
Les ETF ou trackers sont des fonds cotés en Bourse qui se négocient comme des titres individuels et dont la particularité est de pouvoir répliquer tout un ensemble d'indices comme le CAC 40 en France ou l'Indice EURO STOXX 50 en Europe, voire même celui des matières premières (techniquement, ces types d’ETF sont appelés ETC).
Quelle part de marché des ETF est détenue par les particuliers ?
En Europe, les particuliers détiennent environ 15% des 500 milliards d’euros investis en ETF contre plus de 50% aux USA. En France, les particuliers les souscrivent au sein de leur compte titres ou de leur PEA et de plus en plus dans leur contrat d’assurance vie. Les ETF, peu chargés, s’achètent et se vendent comme une action. Cette simplicité devrait leur assurer un développement important auprès des investisseurs même non chevronnés. Ces produits sont gérés par State Street, Amundi, Lyxor, iShares ou encore Deutsche AM.
Acheter et revendre en temps réel.
Le processus d'achat et de rachat des ETF fonctionne différemment de celui des fonds communs. Les ETF se négocient comme des titres individuels. On peut les acheter et les vendre en temps réel à tout moment de la journée, contrairement aux FCP et SICAV conventionnels qui ne sont valorisés qu'à la clôture de la journée boursière. Cela signifie que vous pouvez utiliser des fonctionnalités comme un ordre de vente stop pour un ETF alors que c'est impossible pour un fonds. Il n'y a pas de frais de souscription pour les ETF, contrairement à nombre de fonds communs, mais les investisseurs payent des frais de transactions à leur courtier chaque fois qu'ils achètent ou vendent des parts.
Le prix d’un ETF est essentiellement déterminé par la valeur des actifs détenus en portefeuille. Toutefois, d'autres facteurs influent ou peuvent avoir un impact sur les prix du marché. Par conséquent, il est possible que les ETF se négocient à des prix supérieurs ou inférieurs à la valeur de leurs portefeuilles sous-jacents.
Les fonds qui se concentrent sur des secteurs, des industries, des régions, des pays, et des classes d'actifs spécifiques, constituent une grande partie des ETF et offrent un accès relativement bon marché à des investissements tels que les devises, les métaux précieux, ou les industries émergentes qui jusqu'ici ont été le domaine privilégié des plus grands investisseurs, institutionnels ou particuliers fortunés. Depuis quelques années les sociétés de gestion ont également lancé des ETF gérés activement. Ces fonds ne sont pas liés à un indice de référence, mais continuent à arborer les avantages habituels des ETF.
Est-il opportun de glisser des ETF dans son PEA ou son assurance vie ?
Aujourd’hui, les ETF ne sont plus réservés aux détenteurs d’un PEA ou d’un CTO. Ils sont de plus en plus souvent intégrés à la gestion sous mandat des banques privées et même proposés parmi les unités de compte des contrats d’assurance vie.
Pour le particulier, c’est un réel atout fiscal de pouvoir loger des ETF dans son PEA. En effet, même si cette enveloppe fiscale est réservée aux actions européennes, de très nombreux ETC y sont éligibles même s’ils répliquent des indices internationaux non européens. Cela élargit considérablement le champ des investissements d’un PEA.
Ainsi Lyxor (Groupe Société Générale) propose près de 80 trackers éligibles au PEA tandis qu’Amundi ETF (groupe Crédit Agricole) en offre 70 et THEAM une quarantaine.
Comme l’indiquait Isabelle Bourcier (responsable ETF chez THEAM) en juillet 2017, « la possibilité de loger un ETF dans un PEA ou un contrat d’assurance-vie devrait inciter davantage les investisseurs particuliers à s’exposer aux ETF. On pourra voir la proportion d’ETF détenus par les investisseurs particuliers augmenter quand de plus en plus d’ETF seront proposés dans les contrats d’assurance vie. Cette éventualité est d’autant plus plausible qu’au regard de la nouvelle réglementation européenne, les ETF ont vocation à être plus activement distribués par les conseillers en gestion indépendants auprès des investisseurs particuliers conformément à ce que préconise la directive MIFID 2. »
A noter que plusieurs « robots advisors » (plateformes de conseil en investissement automatisées) assurant une gestion sous mandat en ligne (Advize, Marie Quantier, WeSave et Yomoni) proposent des contrats d’assurance-vie dont les unités de compte sont exclusivement composées d’ETF et de fonds indiciels.
Quel est le niveau de prise de risque pour l’investisseur ?
1. Risque de perte en capital :
Les ETF sont des instruments de réplication : leur profil de risque est similaire à celui d’un investissement direct dans l’Indice sous-jacent. Le capital des investisseurs est entièrement à risque et il se peut que ces derniers ne récupèrent pas le montant initialement investi.
2. Risque de réplication :
Les objectifs du fonds peuvent ne pas être atteints si des événements inattendus surviennent sur les marchés sous-jacents et ont un impact sur le calcul de l’indice et l’efficacité de la réplication du fonds.
3. Risque de concentration :
Les ETF Smart Beta (indices « intelligents ») sélectionnent des titres actions ou obligations issus de l’indice d’origine pour leurs portefeuilles. Des règles de sélection nombreuses peuvent conduire à un portefeuille plus concentré où le risque est dilué à travers moins de titres que l’indice original.
4. Risque de contrepartie :
Les ETF à réplication physique peuvent être exposés au risque de contrepartie découlant du recours au prêt de titres.
5. Risque sous-jacent :
L’Indice sous-jacent d’un ETF peut être complexe et volatil. Dans le cas des investissements en matières premières, l’Indice sous-jacent est calculé par rapport aux contrats futures sur matières premières, ce qui expose l’investisseur à un risque de liquidité lié aux coûts, par exemple de portage et de transport. Les ETF exposés aux Marchés émergents comportent un risque de perte potentielle plus élevé que ceux qui investissent dans les Marchés développés, car ils sont exposés à de nombreux risques imprévisibles inhérents à ces marchés.
6. Risque de devises :
Les ETF peuvent être exposés au risque de change s’ils sont libellés dans une devise différente de celle de l’Indice sous-jacent qu’ils répliquent. Cela signifie que les fluctuations des taux de change peuvent avoir un impact positif ou négatif sur les rendements.
7. Risque de liquidité :
La liquidité est fournie par des teneurs de marché enregistrés sur les bourses où les ETF sont cotés. La liquidité sur les bourses peut être limitée du fait d’une suspension du marché sous-jacent représenté par l’Indice sous-jacent suivi par l’ETF, d’une erreur des systèmes de l’une des bourses concernées ou d’une situation ou d’un événement exceptionnel(le).
Quelles sont les limites d’un investissement en ETF ?
Avantages :
- En général, les ETF ont des frais moins élevés que ceux des fonds traditionnels, y compris des fonds indiciels. Pour les frais de gestion comptez 0,20% pour un ETF répliquant l’indice Euro Stoxx 50 ou 0,25% sur le CAC 40. A titre de comparaison, les fonds d’actions européennes affichaient en moyenne des frais courants de 1,73% en 2016 (source AMF).
- Ils facilitent la diversification en donnant la possibilité d’investir sur tout un marché au lieu de choisir des actions.
- Ils offrent des possibilités de spécialisation : on peut investir dans des secteurs aussi spécialisés que le bétail par exemple
- Pas de minimum de souscription
- Accès à des types d’investissements variés : indices obligataires, étrangers et matières premières.
- Ils s’échangent comme les actions tout au long de la journée.
Inconvénients :
- En général, les ETF n’offrent pas aux investisseurs l’opportunité de surperformer le marché contrairement à certains OPCVM qui sont spécifiquement élaborés pour surperformer le marché (bien qu’ils soient également susceptibles de sous-performer).
- Etant donné que les ETF s’échangent comme les actions, il peut être tentant d’effectuer des opérations fréquentes sur ses ETF, surtout en période de forte volatilité. Cependant, en vendant et en achetant de manière fréquente, l’investisseur peut finir par accumuler de nombreux frais qui vont entamer les gains potentiels. Il est important d’adopter une approche disciplinée des investissements en ETF.
Un peu de prospective pour terminer.
Début 2017, Arnaud LLinas (responsable ETF de Lyxor Asset Management qui gère plus de 200 ETF pesant 46 milliards d’euros) mettait en perspective que « le marché des ETF est en mesure de proposer des produits offrant une protection contre l’inflation, la volatilité des actions ou les hausses de taux ». Il est avéré qu’avec ce véhicule d’investissement les épargnants peuvent prendre des positions courtes ou décupler les rendements potentiels. Cela devrait ouvrir de nouveaux horizons au secteur des ETF. L’avenir sera certainement dans les ETF Smart Beta dont certains répliquent des indices à faible volatilité ce qui offre l’avantage d’investir en actions en limitant le risque. Ou encore des ETF répliquant des indices à dividendes élevés. Ces ETF sont déjà utilisés par les investisseurs institutionnels mais ils le sont aussi par les gérants des banques privées.
Ainsi, pour les émetteurs de fonds indiciels, le défi sera de s’adapter à l’évolution du profil des investisseurs et donc de se préparer à un marché moins institutionnel. Il faudra donc apprendre à communiquer plus simplement avec des épargnants qui n’ont pas une culture financière aussi spécialisée. La confiance dans ces nouveaux produits sera à ce prix.
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